Il y a trop de fumée

Il y a trop de fumée et de gaz dans cette douche qu'on nous a imposée, pour purger ce monde embrumé. Nos caravanes encerclées distinguent plus le noir que le bleu du ciel; Notre désespoir était leur idée, mais nous y abandonner n'était pas notre conception. Batailler sans arme et qu'avec des larmes était un festin sans fin pour ces hommes en brun. Dans ses wagons anti-tziganes, le silence y était roi, mais on y jouait pourtant pas à ce roi du silence ! On y déchargeaient ses voyageurs cassés et inquiets, là où le monde mourrait dans le paradis noir. Les fils barbelés indiquaient qu'on n'irait plus s'endormir au paradis blanc. Les nuits étaient si longues qu'on oubliait le temps, les années mais pas le bruit de nos tongs délavées héritée de nos aînées. Notre besoin de liberté nous a été enlevé en été 1944 dans ce paradis noir.  Ce n'était pas notre rêve d'enfant ni celui de nos descendants. On mourait loin des regards pour un sang mêlé, dans un combat qui nous faisait partir rejoindre notre paradis blanc. Mais l'idée d'en parler n'est pas , nos caravanes ont été oubliés mais nos descendants n'ont pas oublié nos dispersés. Nos abandonnés seront toujours présent mais les condamner est toujours d'actualité avec tous ses préjugés.